L'âme du chasseur, de Deon Meyer
Points, décembre 2005, 472 pages, ISBN 978-2-020849562
Après l'Algérie l'année dernière, grâce au défi Littérature policière sur les 5 continents, cette fois cap à
l'extrême sud du continent africain avec la découverte de Deon Meyer, auteur connu de best-sellers (comme on dit en bon français) mais que, pour ma part, je découvre.
L'histoire est assez simple : celle d'un homme rattrapé par son passé d'ancien tueur à gages. L'écriture aussi.
C'est la première fois que j'ai l’impression de « voir » un polar comme on regarde un film. Car on se croirait véritablement dans un film avec cette écriture nerveuse et abreuvée de rapports en
tout genre des différents services qui ne laisse aucune minute de répit. Et c'est bien ce qui m'a gêné un peu au début... Ai-je été trop abreuvé de Conan Doyle et d'Agatha Christie dans ma
jeunesse ? Suis-je trop « classique » dans mes lectures ? Allez savoir. Toujours est-il que j'ai bien failli ne pas poursuivre...
Mais, comme l'histoire se passe en Afrique du Sud, pendant la période qui suit juste la fin de l'apartheid, j'ai été
pris par le virus de l'Histoire (aussi bien la grande que la petite) qui m'est si cher. Car, ce livre – même s'il reste une fiction – permet de se rendre un peu mieux compte des bouleversements
qu'a occasionnés l'élection de Nelson Mandela. Bien entendu, les anciens services secrets se livrent une guerre farouche pour avoir le pouvoir dans le nouveau régime. Bien entendu une jeune femme
« caucasienne », comme disent nos amis d'outre-atlantique, a du mal à s'imposer dans ce nouveau monde toujours masculin. Mais surtout un ancien bras armé révolutionnaire se retrouve du jour au
lendemain sans activité, sans aucune reconnaissance officielle. Lui qui a servi au péril de sa vie la cause du pays. Lui dont on s’est servi... (à commencer par son propre oncle). Lui dont on se
sert une dernière fois ?
L'autre intérêt – intérêt principal même – du roman réside dans la découverte d'un pays largement méconnu avec ses
nombreuses ethnies, et surtout la description de ses paysages sauvages ou, du moins, encore suffisamment épargnés par la main de l'homme. Parce que la sempiternelle lutte de pouvoir entre les
différents services, ça fait tellement hollywoodien que ça en devient bien vite lassant... Heureusement, reste aussi le héros, P'tit, si attachant malgré son passé trouble, parce qu'en quête
d'une rédemption qu'il ne connaîtra pas, à croire que le destin s'acharne contre lui. D'ailleurs, j'ai bien envie de laisser une seconde chance à Deon Meyer et de lire la première aventure de
P'tit (oui, je n'arrive toujours pas à commencer une série par le bon bout...).
Cette chronique de lecture est originellement parue le 23 novembre 2010 dans iti1801, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles d'iti.