Les soldats de l'aube, de Deon Meyer
Points, 2004, 520 p, ISBN 2-02-063124-5
Dead at Daybreak (2000)
traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Robert Pépin
« Dans sa tête c'était la danse sans rythme de ceux qui ne dorment pas ».
Attention : si le quatrième de couverture (ici reproduit) est très bien fait, le résumé 'intérieur' en première page
en dit beaucoup trop (à éviter) : « Alors qu'il sombrait dans la déchéance, l'ex-policier 'Zet' van Heerden se voit confier la tâche, apparemment simple, de retrouver un testament sans lequel une
certaine Wilna van As ne pourra hériter de son ami décédé. Celui-ci a été retrouvé mort chez lui, tué d'une balle de M16 dans la nuque après avoir été torturé à la lampe à souder. Van Heerden
comprend qu'il y a anguille sous roche lorsqu'il s'aperçoit que le coffre-fort du défunt a été vidé et qu'il aurait contenu une fortune en dollars. Un fusil d'assaut ? Des dollars US ? Tout
semble indiquer un crime mafieux. Et pourtant... ».
Suite à ma déconvenue australienne, j'ai préféré jouer la valeur sûre pour mon périple sud-africain : Deon Meyer est réputé pour la qualité de ses romans policiers - et j'ai pu en faire
l'expérience avec un réel plaisir de lecture.
Les soldats de l'aube est d'abord et avant tout un polar costaud, rythmé et bourré de testostérones. Le
récit démarre vite et le suspense ne retombera jamais vraiment. L'intrigue est également très bien construite et, point intéressant, l'enquête est menée à travers les réflexions, les déductions,
les doutes de van Heerden (*). Le lecteur suit le cheminement de sa pensée, les pistes qu'il exploite, qu'il rejette, qu'il néglige. Rien de révolutionnaire,
simplement une progression très bien ficelée.
Le personnage principal, cet « ancien flic de quarante ans incapable de fonctionner correctement », est finalement
très attachant. Car en parallèle de l'enquête, se met en place un récit secondaire tout aussi passionnant. En alternance avec l'intrigue principale, il est des chapitres introspectifs dans
lesquels un homme - dont on devine rapidement qu'il s'agit de van Heerden lui-même - remonte le temps, en retraçant son parcours et en tentant d'exorciser ses démons.
Enfin, ce polar donne aussi à voir l'Afrique du Sud et son sombre passé. Non pas le régime de l'Apartheid -
étonnamment peu présent ici en toile de fond - mais un aspect moins connu, dont il est difficile de parler ici sans déflorer l'intrigue plus que de raison... (pour ne pas spoiler, tout en pensant
aux intarissables curieux un indice ici).
Les soldats de l'aube est finalement un polar complet, satisfaisant sur tous les plans et dont les pages se
tournent toutes seules. Attention cependant, il ne faut pas craindre les ambiances glauques, les scènes d'action parfois violentes et les détails sordides... Pour les amateurs en revanche, aucun
souci, c'est du bon !
Lu dans le cadre du challenge Destination Afrique du Sud organisé par Evertkhorus et dans le cadre du challenge Littérature policière sur les
5 continents organisé par Catherine.
Bonne plock à tous !
(*) Le personnage principal porte le même patronyme que celui du polar
humoristique de Tom Sharpe, Mêlée ouverte au Zoulouland (situé également
en Afrique du Sud où l'auteur britannique passera une partie de sa vie). Mais les ressemblances s'arrêtent là !
Edit du 23 août : j'ai eu le plaisir d'apprendre que cette chronique a été sélectionnée par les éditions Points pour
figurer dans la rubrique La Toile en parle sur le site Le
Cercle Points ! J'y ai par ailleurs trouvé un entretien passionnant avec Deon Meyer, à l'occasion duquel il évoque la naissance de sa vocation, le métier d'écrivain, le rapport avec les
lecteurs... À voir ici.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 14 août dans Le monde selon Pickwick, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Pickwick.