Sans laisser de trace, de
Joseph Finder
Albin Michel, mai 2010, 480 pages, ISBN 978-2226208422
Et encore un nouvel auteur à découvrir. Je le connaissais car je le vois souvent quand j'arpente les linéaires des libraires. Comme Albin Michel m'a donné l'occasion de le lire en avant première,
voici donc ce que je pense de Sans laisser de trace. Je remercie Albin Michel au passage, et je vous signale que ce livre fait partie de mon défi de la Littérature policière sur
les 5 continents dont voici le lien.
Nick Heller est un des meilleurs enquêteurs d'une agence privée, Stoddard Assiociates, qui travaille pour les plus grandes entreprises multinationales. Lors d'une de ses enquêtes à Los Angeles
pour retrouver un colis qui a disparu dans un petit aéroport, son neveu Gabe l'appelle : « Papa a disparu ».
En effet, Roger et sa femme Lauren étaient de sortie dans un restaurant de Washington quand elle s'est fait agresser. Quand elle se réveille à l'hôpital, Roger a disparu. La police pense tout de
suite à une disparition volontaire car rien ne lui a été volé, et aucune marque de violence n'est présente sur le lieu de l'agression qui pourrait laisser croire que Roger est mort. Aucune
demande de rançon n'est déposée.
Nick va donc enquêter en collaboration avec la police sur la disparition de son frère dont il n'est pas si proche. Nick a décidé d'arrêter ses études et de s'engager dans l'armée en Bosnie et en
Irak avant d'intégrer une agence de renseignements du Pentagone, puis d'en démissionner avant d'intégrer Stoddard Associates. Roger, lui, a suivi les traces de leur père, personnage douteux dans
le domaine de la finance, autoritaire en famille. D'ailleurs, Nick pense que son enlèvement peut avoir un lien avec ses activités professionnelles plus ou moins douteuses.
C'est donc plutôt pour des raisons de lien familial que Nick va se lancer dans cette enquête, mettant de côté ses rancœurs entre frères, et par affection pour sa belle-sœur et son neveu, avec qui
il s'entend à merveille. Et c'est une enquête bien surprenante qui l'attend.
J'avais envie de titrer cet article : 'Chronique d'un succès annoncé'. Car ce roman a tout pour plaire : un héros sympathique, un style efficace qui fait qu'on avale ce bouquin très rapidement,
des chapitres courts qui donne une impression de célérité. Joseph Finder est décidément doué pour mener une intrigue complexe avec une description psychologique fouillée. Tout ça fait que c'est
réaliste.
La majorité du livre est écrit à la première personne avec peu de sentiments, ce qui colle bien avec le personnage de Nick Heller, puisqu'il a été formé par l'armée et a combattu dans des guerres
difficiles. Finder insère aussi quelques chapitres du passé de Heller pour complexifier le personnage, mais sans en dire trop, car ce roman est le premier tome d'une trilogie. Tout est fait et
extrêmement bien fait pour que l'on achète les deux prochains volumes.
Il y a aussi un autre aspect, celui qui m'a le plus intéressé, c'est les liens familiaux. Nick déteste son père car il est en prison pour malversation financière. Il déteste son frère car
celui-ci veut ressembler à leur père. Malgré cela, les liens familiaux sont plus forts que tout sentiment d'indifférence. Par dessus tout, Roger est le frère de Nick. Ils sont du même sang. Même
si ce sujet, somme toute classique, est sousjacent, il est lui aussi bien traité.
Alors, par moment, par son style, ses descriptions, son rythme, je me suis un peu ennuyé, vite repris par des rebondissements inattendus. Finder m'aura bien manipulé dans ce roman, qui finalement
fait parfois office d'introduction au cycle Heller. On verra ce roman souvent entre les mains des touristes cet été sur les plages. C'est un bon thriller, fait avant tout pour le grand public,
qui donne envie d'attendre les prochaines aventures de Nick Heller. L'objectif est accompli, et j'aurais bien pu titrer cet article : 'chronique d'un succès annoncé'. Du bon boulot.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 12 mai dans Black novel, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Pierre.