Saveurs assassines, de Kalpana Swaminathan
Le Cherche Midi, mars 2007, 334 pages, ISBN 978-2-749109541
Traduit de l'anglais (Inde) par Edith Ochs
J'avais opté au départ pour La chanson du jardinier, mais c'était sans savoir que c'était le 2e volume de
la série des enquêtes de Miss Lalli, or comme j'aime faire les choses dans l'ordre, surtout pour découvrir une série, j'ai finalement choisi ce titre.
L'auteure
Kalpana Swaminathan est médecin. Elle vit à Bombay. Saveurs assassines, son premier livre publié en France, inaugure
une série de cinq romans policiers.
Un polar divertissant à la sauce indienne, et avec de l'humour, ce qui ne gâche rien.
Je m'attendais à une version indienne des Dix petits nègres d'Agatha Christie (décidément la reine du crime en
inspire beaucoup), une version originale intégrant en plus des aspects gastronomiques de la cuisine indienne, ce qui n'était pas pour me déplaire vu que : 1) j'aime assez les polars façon Cluedo, où l'on enquête à la même vitesse et avec tous les
éléments que les protagonistes, et 2) je suis très gourmande et les descriptions de mets m'inspirent et titillent mon imagination.
J'ai été d'emblée conquise par la voix de la narratrice, nièce de notre Miss Marple indienne, alias Miss Lalli, et
de son sens de l'auto-dérision. Les premières pages décrivant le contexte de sa vie et les activités de sa tante m'ont énormément divertie et amusée. Les personnages et situations décrites sont savoureux, ceci jusqu'à ce que l'on en arrive enfin
au lieu du crime, dans une luxueuse villa de Bombay qui rassemble, pour un week-end, quelques personnalités en vue, ainsi que la narratrice et Miss Lali. On s'y détend, tout comme les convives, guettant déjà tout ce qui clocherait dans
leurs comportements et paroles.
Et puis, au bout d'un moment, j'ai commencé à me demander quand est-ce qu'on allait en venir aux faits,
c'est-à-dire, à notre intrigue policière à proprement parler. Car arrivé à la moitié du livre, toujours pas de crime en vue, et donc pas d'enquête ! Nos convives mangent, boivent, discutent, dansent, dorment et râlent pendant plusieurs chapitres, mais pas de
meurtre à l'horizon. Du coup j'ai commencé à trouvé le temps un peu longuet et à m'ennuyer un peu des personnages et de leurs activités.
Ce n'est que quasi au dernier tiers du livre qu'on découvre enfin un corps (aaaah yes un meurtre ! Youhou ! Enfin !)
et l'enquête est résolue par Miss Lalli avec une facilité déconcertante en quelques pages et interrogatoires de rigueur.
C'est l'aspect du roman qui m'a semblé le moins réussi et convaincant, l'intrigue policière en elle-même, d'autant
plus que j'avais déjà découvert l'identité de l'assassin avant la découverte du meurtre (ce qui est assez fort pour quelqu'un comme moi qui n'y voit que du feu habituellement). Je le dois, non pas à ma grande perspicacité (hélas), mais au fait
que l'auteure exploite du déjà-vu, un indice gros comme le nez au milieu de la figure... Mais peut-être aussi commencé-je à être plus rôdée, habituée aux intrigues policières.
J'ai vu ce livre, du coup, surtout comme roman prétexte à un hommage à la gastronomie indienne et un peu à la reine
du crime, bien que pour l'auteure, ce soit plus un roman « inspiré par les nombreux hommes et femmes dépossédées qui ont reconstruit leur vie sur les trottoirs de notre ville hospitalière, Bombay, dans les décennies qui ont suivi la libération
du Bangladesh. Leurs histoires faites d'un courage et d'une force d'âme exemplaires ont peu à voir avec ce récit, mais j'ai emprunté une partie de leur insatiable appétit pour la vie. » (tiré des remerciements de l'auteure en fin de
livre).
Le glossaire reflète bien la diversité des langues du mélange culturel de Bombay. L'anglais des romans de l'auteure,
dixit la préface, est enrichi de nombreux mots et expressions appartenant aux diverses langues de ses habitants, venus des quatre coins du sous-continent indien (tamoul, ourdou, bengali, marathe, télougou et le gujerati, en plus de
l'hindi).
Bon, je continuerai probablement la série à l'occasion, car j'aime assez l'univers de l'auteure, la plongée dans la
culture de Bombay (pour ça, rien à dire, on est bien servi et c'est intéressant) mais je serai prévenue pour le côté policier assez léger.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 12 mai 2011 dans Lecture sans frontière, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles d'A Girl from Earth.