
Picquier poche, mai 2005, 400 pages
C.F. Wong est un vieux chinois vivant à Singapour. Mais c'est surtout un maître du fengshui aidant des clients fortunés à agencer au mieux leur logement. Cependant sa perspicacité fait de lui un atout dans certaines enquêtes criminelles surprenantes. Il est assisté d'une jeune stagiaire d'origine australienne, Joyce McQuinnie, un spécialiste de l'astrologie indienne et une diseuse de bonne aventure chinoise.
Avec leur soutien (bien qu'il doute de la validité du mot « soutien »), Wong va enquêter sur un cabinet de dentistes hanté, la disparition d'une jeune fille au karma atroce et le kidnapping d'une jeune fille très riche.
Ce roman policier m'a vraiment évoqué les aventures de Mma Ramotswe, la détective botswanienne. Cependant ici l'enquête est un peu plus présente.
L'intérêt de ce livre repose avant tout sur la galerie de personnages et leurs liens qui provoquent de nombreuses situations comiques. Ainsi Wong commence sa journée par un plat de riz qui dégoute Joyce. Et la situation se retourne, quand la jeune australienne exige d'avoir aussi son petit-déj' à base de caféine, sucre et gras.
L'auteur a su retranscrire à merveille les points de vue de chaque personnage. Joyce parle comme une ado, sort en boîte, ne comprend que peu ce vieux chinois et a du mal à se sentir chez elle à Singapour. Wong n'a jamais entendu parler de rappeur, ne sait pas ce que veut dire « choper une fille », connaît Singapour comme sa poche et trouve normal la brutalité policière (comment un policier pourrait obtenir des aveux sans taper sur les gens, en Chine au moins, on obtient toujours des aveux).
La différence entre les personnages transparaît dans leur façon de parler mais aussi dans leur connaissance des lieux. Ainsi le rendez-vous dans une boîte de nuit est vu du point de vue de Wong et sa découverte des jeunes gothiques est géniale. A l'inverse le marché de nuit est vu par Joyce qui semble voir un fantôme dans chaque mouvement de lumière. Ce contraste est également une très bonne représentation de la vie à Singapour.
Cependant ce détail demande d'être curieux de l'Asie du Sud-Est. Les références à des villes malaises sont nombreuses, mais aussi à Hong-Kong. Les plats sont tous donnés dans le nom d'origine. Et je suppose que ce n'est pas évident pour tout le monde de comprendre le dégoût de Joyce face à un nasi lemak (bon en fait perso je sais juste que nasi c'est du riz). Mais cela rend le décor encore plus vrai, de même que les petites exclamations en chinois de certains personnages. On a ainsi l'impression d'être sur place.
Il existe un deuxième tome des aventures du maître du fengshui que j'espère bien pouvoir trouver plus facilement que le premier et donc pouvoir lire très prochainement.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 24 septembre dans Histoire de lectures, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Tiphanya.