Suite au défi 'Littérature policière sur les 5 continents' lancé en décembre 2008 sur 'La culture se partage', ce blog - créé le 1er janvier 2009 - centralise les articles concernant ce défi pour en faciliter la lecture et les liens vers les blogs d'origine.
Qui a tué Palomino Moléro ?, de Mario Vargas Llosa
Folio Gallimard, mars 1989, 189 pages
Pour le Pérou, je lis un auteur qui a obtenu le prix Nobel de littérature cette année et je valide un nouveau
continent pour le challenge Littérature policière sur les 5 continents. Car oui, ce roman est un roman policier, ce qui
ne semble pourtant pas être le genre de prédilection de Mario Vargas Llosa.
Certes, l'histoire policière n'est pas vraiment le cœur de ce roman mais elle est tout de même très bien menée.
L'auteur prend un point de vue original, celui d'un des policiers menant l'enquête, mais pas celui DU policier. Car le jeune gendarme Lituma, qui est le héros du livre, n'est vraiment qu'un
modeste assistant et ne résoudrait sans doute rien sans son supérieur. Les moyens de la gendarmerie semble d'ailleurs dérisoires. Le crime est sordide mais n'intéresse pas la hiérarchie, il
dérange même à haut niveau. Le gendarme et son supérieur doivent mener l'enquête avec uniquement leur amour pour la vérité, se déplaçant en stop au milieu des poules.
On en arrive à ce qui fait la grande valeur du livre : cette description vivante et précise d'un Pérou jovial et
populaire. En toile fond, un aperçu de la situation sociale : manque de moyens, tensions raciales, clivages. Mais le ton reste plus gai, presque comique. Le style est piquant, un peu familier. Au
milieu de l'histoire triste et sordide du meurtre, on trouve des personnages décalés comme cette patronne de bar, d'un certain âge, ronde et mariée et dont le lieutenant est très crûment
amoureux. Le personnage central lui même apporte beaucoup de légèreté avec sa naïveté et sa bonhomie.
Cependant, l'histoire centrale n'est pas négligée et l'on suit l'enquête avec une grande curiosité. Les personnages
que l'on rencontre sont toujours très bien ciselés, difficilement saisissables, loin d'être des caricatures ou des simples représentants de leur milieu social. Comme les deux enquêteurs, on
s'attache au jeune homme qui s'est fait tué : innocent, gentil et amoureux. On imagine son chant sur la plage, on entend sa musique. Le roman nous transporte avec lui et nous touche profondément.
La fin, amère, nous ne déçoit pas.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 28 février dans Viviane voyage..., blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de
Viviane.