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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 00:51

PoissonMouilleLe poisson mouillé, de Volker Kutscher
Seuil Policiers, 2010, 565 pages
Der nasse Fisch (2007) est traduit de l'allemand par Magali Girault.

Le poisson mouillé est le premier roman de Volker Kutscher, un jeune auteur allemand. On retrouvera le personnage principal de ce roman, le commissaire Rath, dans une seconde livraison déjà en cours de traduction par Le Seuil.

Résumé
Berlin, 1929.
Gereon Rath, auparavant commissaire à la Criminelle à Cologne, est muté d'office aux Mœurs et à la capitale après une affaire mal négociée.
Une voiture termine dans un canal. Au volant, un cadavre aux mains mutilées mais au visage souriant. Aucun papier sur lui, personne ne connaît son identité : le mystère est complet.
Personne sauf Rath qui, se rendant à la morgue pour une autre affaire, reconnaît sur la table d'autopsie l'homme repêché. Et pour cause, il l'a croisé quelques jours auparavant.
Le jeune commissaire décide alors de se taire et de mener l'enquête en solitaire, dans l'espoir d'intégrer la Criminelle.

Mon avis

Les poissons mouillés, c'est comme cela que Gennat, le chef de la Crim' berlinoise de l'époque – ce personnage du livre a vraiment existé – a baptisé les affaires non élucidées.
Du « Mai sanglant », une révolte communiste ayant fait de nombreuses victimes (parfois tuées par la police elle-même) aux Ringvereine, sortes de clubs regroupant les membres la pègre berlinoise des années 1920 – soit autant d'éléments historiquement avérés – peu de choses ont finalement été inventés par l'auteur. Pour situer l'intrigue de son premier roman, Volker Kutscher, historien de formation, a intelligemment puisé dans l'Histoire de son pays, effectuant un remarquable travail de documentation.

« Rath n'avait en effet jamais compris comment des gens qui avaient fait des études pouvaient devenir communistes. Il ne comprenait pas grand chose à la politique. À ses yeux, les communistes étaient le produit du sous-prolétariat qui habitait dans toutes les grandes villes. Ceux qui naissaient dans ce milieu-là avaient le choix entre devenir criminels ou bien communistes. Ou bien les deux. Criminel, communiste : pour beaucoup de policiers, cela revenait au même. Les communistes n'étaient-ils pas des voleurs ? Ne voulaient-ils pas prendre par la force les biens des bourgeois ? Selon le code pénal, c'était du vol tandis que la Commune, elle, appelait ça la révolution. Rath pouvait encore concevoir qu'un pauvre bougre y place son dernier espoir, mais il avait énormément de mal à comprendre ces intellectuels qui prêchaient la révolution. Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Tout allait pourtant bien pour eux, non ? C'étaient eux qui élevaient le vol au rang d'idéologie. À leurs yeux, si le vol était effectué en masse, on pouvait l'appeler révolution et le justifier de manière scientifique. Rath exécrait tout particulièrement ces idéologues, ces esprits confus qui savaient tout mieux que tout le monde et se croyaient détenteurs de la vérité. »

Les personnages sont assez nombreux et bien décrits. On prend rapidement plaisir à suivre le commissaire Rath, son collègue des Mœurs Wolter, son voisin journaliste Weinert, et Charly, la charmante sténo de la Crim'.
Kutscher ajoute à cela un peu d'humour, avec quelques scènes cocasses, comme cette descente chez des pornographes amateurs d'Histoire allemande, et quelques clins d'œil au roman noir, à l'instar de ce chef de la pègre berlinoise qui n'a sûrement pas été nommé Marlow par hasard.

« L'identité judiciaire avait photographié Wilczek sous tous les angles. À l'époque, ce drôle de saint portait une moustache. Le photographe avait manifestement oublié de lui dire : « Ayez l'air aimable » : Wilczek regardait l'objectif comme s'il avait l'intention de manger des enfants juste après la prise de vue. »

Beaucoup de bonnes choses dans ce premier roman donc. On pourra éventuellement reprocher à l'auteur de parfois ré-expliquer les choses au lecteur, comme pour être sur qu'il ait bien compris.
Enfin, malgré un suspense de qualité et de nombreux rebondissements de bon aloi, certains lecteurs moins intéressés par le contexte de l'histoire – qui occupe une place importante – trouveront peut-être leur temps un peu long par moments.

Avec ce Poisson mouillé, l'Allemand Volker Kutscher signe un premier roman noir riche et réussi. La seconde enquête du commissaire Rath est déjà en cours de traduction. Espérons qu'elle soit au moins du même niveau.

Et merci à Chez les filles de m'avoir proposé ce roman. Une belle découverte...

Cette chronique de lecture est originellement parue le 30 avril 2010 dans Hannibal le lecteur, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Hannibal.

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