La vie est un sale boulot, de Janis Otsiemi
Jigal, 130 pages, ISBN 978-2914704618
L'occasion fait le larron. Une grande chaîne de distribution (commençant par FN et finissant par AC) a décidé de faire une thématique polar africain. J'ai trouvé cela original, et je me suis
rappelé que j'avais un livre caché au fond d'une de mes bibliothèques. D'où ce très bon roman noir (sans jeu de mot) de Janis Otsiemi. Ceci fait partie de mon défi de Littérature policière sur les 5 continents.
La vie est un sale boulot raconte l'histoire de Ondo Mba Alex, dit Chicano et de sa bande. Chicano, Ozone et Lebegue prévoient de faire un casse chez Farrad, un Arabe qui tient un magasin de
luxe. Farrad doit être intercepté alors qu’il va déposer sa valise d'argent à la banque. Le coup est bien prévu : Lebegue tient en joue la femme de Farrad et les deux vendeurs, Chicano reste au
volant de la voiture pour prendre la fuite, et Ozone doit récupérer l'argent.
Mais alors qu'Ozone file un coup de poing à Farrad, celui-ci ne se laisse pas faire et Ozone lui tire une balle dessus. « L'Arabe avait attrapé le pruneau sur le front comme on attrape un rhume.
Ozone s'enfuit en courant, Lebegue s'éclipse et Chicano se fait serrer par des agents de la Société Gabonaise de Sécurité. ».
Après quatre années passées en prison, Chicano va sortir. En effet, il bénéficie de la grâce présidentielle. C'est inespéré, car cela n'arrive qu'à ceux qui sont condamnés à de faibles peines.
Une fois dehors, il est plein de bonne volonté, veut trouver un travail, retrouver Mira, celle qu'il aime. Mais, il est bien difficile de trouver un travail quand on n'a pas de certificat, et
Mira est enceinte d'un autre.
En introduction du livre, on trouve un extrait de L'instinct de mort de Jacques Mesrine. Il y est dit : « Un ex-condamné ne sera jamais quitte de sa dette, même après l'avoir payée. » Et voilà
tout le drame qui se joue dans ce petit roman de 130 pages. Avec une intrigue classique, Otsiemi nous offre un voyage à Libreville, Gabon. Les personnages sont bien dessinés, et après nous avoir
décrit le parcours de Chicano, il nous plonge dans les méandres de la corruption de la police judicière.
Car la grande qualité de ce roman est bien là : grâce à sa grande faculté à raconter des histoires, Otsiemi nous fait voyager. Son style est empreint du langage de là-bas, les dialogues viennent
de ces contrées lointaines, les ambiances sont alourdies par le soleil, les expressions viennent du parler local. Tout au long du bouquin, je n'ai pas arrêté de m'extasier devant ce Français
adapté. Et n'ayez crainte, on comprend parfaitement l'histoire.
Par ce voyage sur ce grand continent que je n'ai pas encore visité, je vous conseille vivement de lire ce livre, qui restera dans ma mémoire comme une carte postale colorée. Une très bonne
découverte.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 30 mai dans Black novel, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Pierre.