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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 00:41

LinceulLaine.jpgComme je l'ai déjà dit, il fallait que je lise vite des romans d'Océanie afin de finir le défi Littérature policière sur les 5 continents ! J'ai mis le turbo pour les deux romans australiens L'os est pointé puis Derniers verres, et comme j'avais réellement fait trois tours, je conclus avec ce roman néo-zélandais, ouf : défi terminé avec trois tours... et quelques (18 romans) !

 

Un linceul de laine est un roman de Ngaio Marsh paru en avril 2001 aux éditions 10/18 dans la collection Grands détectives (256 pages, ISBN 2-264-03202-2). Died in the wood (1945) traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Sophie Dalle est le treizième tome des enquêtes de Roderick Alleyn.

 

Ngaio Marsh est née à Christchurch (Nouvelle-Zélande) en 1895, elle a étudié la peinture, et son premier roman Et vous êtes priés d'assister au meurtre de... (A man lay dead) est paru en 1934. En tout, 32 romans policiers mettront en scène l'inspecteur Roderick Alleyn, entre 1934 et 1982, année durant laquelle Ngaio Marsh est décédée. Elle était contemporaine d'Agatha Christie, Daphne du Maurier et Patricia Wentworth entre autres.

 

Trois semaines après sa disparition, Florence Rubrick, membre du Parlement, est retrouvée morte à l'intérieur d'une balle de laine entreposée dans une manufacture de textile. Son époux, maître de Mount Moon, domaine spécialisé dans la laine, ne lui a pas survécu plus de six mois. Mais un an après, l'enquête n'a toujours rien donné... Fabian Losse, neveu et héritier d'Arthur Rubrick, a donc contacté le célèbre inspecteur de Scotland Yard, Roderick Alleyn pour qu'il vienne enquêter. Ah, j'oubliais, Mount Moon se trouve en Nouvelle-Zélande et l'action se situe en 1943. Et si Alleyn s'est déplacé, c'est parce que Fabian Losse et Douglas Grace travaillent à un détonateur magnétique et ont été victimes d'espionnage.

Au domaine, Alleyn entend le témoignage des progatonistes, les uns après les autres, Miss Ursula Harme (la pupille de Madame Rodrick), Douglas, Fabian, Miss Terence Lynne (la secrétaire), Markins (le majordome), les employés de la lainerie et Tommy Johns (le régisseur) ainsi que son fils, Cliff doué pour le piano. L'inspecteur va démêler le vrai du faux et confronter tout ça aux archives de l'enquête menée par la police néo-zélandaise et à son esprit de déduction.

À première vue, tous sont innocents, mais ils vont parler, se laisser emporter et se piéger !

« – Je le répète pour la dixième fois ! Je ne vois pas ce que nous avons à gagner à dévoiler tous ces épisodes à M. Alleyn. Franchement ! À chacun son linge sale ! – Il me semble qu'il vaut mieux le laver, même si cela se passe en public, plutôt que de le plier et de le ranger encore taché dans nos armoires, non ? Je suis convaincu, décréta Fabian avec vigueur, qu'en racontant tout, nous finirons par découvrir la vérité. » (page 96).

Mais Alleyn échappe à une tentative d'assassinat...

« Alleyn ranima le feu et se réchauffa les mains, submergé par la nostalgie. Comme il était loin de Troy, son épouse, de Londres, de l'inspecteur Fox, son collègue et complice ! Loin de son pays, de son peuple ! » (page 228).

 

Une charmante lecture, dans laquelle on découvre ce lointain pays qu'est la Nouvelle-Zélande, et comme il y a beaucoup de moutons dans ce pays, une lainerie, avec en plus le contexte historique de la deuxième guerre mondiale et une affaire d'espionnage. Je lirai avec plaisir d'autres tomes de cette romancière.

À noter que ce type de roman à énigme s'appelle whodunit de who done it ? (qui l'a fait ?).

 

Cette chronique de lecture est originellement parue le 30 décembre 2009 dans La culture se partage, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Catherine.

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 07:44

DerniersVerresPoche.jpgAprès L'os est pointé d'Arthur Upfield, je me suis dépêchée de lire un autre roman policier d'Océanie pour le deuxième tour du défi Littérature policière sur les 5 continents. À vrai dire, puisque mon deuxième tour s'est transformé en troisième tour, il faudrait que je lise encore un troisième roman avant la fin de l'année ! Je verrai si c'est possible...

 

Derniers verres est un roman policier australien d'Andrew McGahan paru aux éditions Babel Noir en juin 2008 (n° 18, 536 pages, 10,50 €, ISBN 978-2-7427-7569-9).

Last drinks (2000) est traduit de l'anglais (Australie) par Pierre Furlan.

 

« Le téléphone donc. Qui sonne et sonne sans s'arrêter. Je dormais. Perçant la tiédeur et les rêves, la sonnerie s'accrochait à moi, me réveillait. J'ai levé la tête sans bien savoir où j'étais, ni quel jour – pendant un moment je me suis retrouvé dans tous les matins de gueule de bois de mon passé. Puis j'ai secoué la tête et j'ai tendu la main vers le combiné. Dans ma chambre, il faisait froid et noir, mais je n'avais pas bu un verre d'alcool depuis des années et j'étais parfaitement à jeun. » (page 11). Ce sont les premiers mots de George Verney, le narrateur. Après la Grande Enquête qui a secoué Brisbane dix ans auparavant et où pas mal de monde influent est tombé, George a perdu bon nombre d'amis, May sa maîtresse (épouse de son ami Charlie) et son travail de journaliste au Daily Times de Brisbane. Contrairement à d'autres, il n'a pas été condamné à la prison mais a fui la ville pour se réfugier à Highwood, un village de montagne, où il écrit pour le Highwood Herald, le journal local, et où il fréquente Emily, une veuve, directrice d'école. Mais si le policier Graham réveille George cette nuit-là, c'est pour qu'il vienne reconnaître un corps calciné dans un transformateur en pleine montagne, et le corps est sans nul doute celui de son vieil ami Charles Monohan, Charlie. Ressurgissent alors le passé, les soirées de beuverie avec ses amis (à l'époque la consommation d'alcool et les bars étaient très réglementés dans le Queensland), le restaurant de Charlie et tous les souvenirs de l'enquête qui a détruit leur vie à tous. Mais George, de retour à Brisbane pour l'incinération du corps de Charlie, se rend compte à quel point la ville a changé. Remuant le passé et recherchant la trace de leurs anciens amis – et surtout de May, il s'est mis en danger lui aussi...

 

Un roman sombre et intense qui m'a passionnée, long bien sûr, mais la découverte de Brisbane est intéressante, et les souvenirs enfouis dans les brumes de l'alcool remontent peu à peu, George retrouvant les protagonistes de l'époque – et certains souvenirs – avec difficulté. L'alcool et les dangers de l'alcoolisme ont une grande place dans ce roman mais ils ne sont pas serinés de façon démagogique, ils reviennent avec les souvenirs d'un George de dix-huit ans qui commence à goûter l'alcool, qui y prend plaisir et qui plonge pendant des années.

 

Bien que l'auteur précise dans un avertissement en début de volume que « ce livre est un ouvrage de fiction », il ajoute aussi qu'il est « manifestement inspiré jusqu'à un certain point par l'enquête Fitzgerald et l'époque du Queensland qui lui est associée » et je me demande donc quelle est la part de fiction et la part de réalité dans ce roman. Mais je connais si peu l'histoire de l'Australie (et encore moins du Queensland) que je n'ai aucun repère et que le mystère reste entier... J'ai toutefois appris de nombreuses choses sur Brisbane, le Queensland et je pense relire cet auteur qui m'a conquise.

 

Andrew McGahan est né en 1966 à Dalby dans le sud-est du Queensland (à environ 200 km au nord-ouest de Brisbane). Il a abandonné ses études artistiques pour travailler sur l'exploitation familiale (blé), ce qui ne l'a pas empêché de devenir écrivain.

Praise (1992)

1988 (1995)

Last drinks (2000) – Derniers verres, Actes Sud / Actes Noirs (janvier 2007), Babel noir (juin 2008)

The white Earth (2004) – Terres noires, terres blanches, Actes Sud / Antipodes (janvier 2008)

Underground (2006) – Australia underground, Actes Sud / Actes Noirs (octobre 2008)

 

Cette chronique de lecture est originellement parue le 28 décembre dans La culture se partage, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Catherine.

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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 07:45

OsPointe.jpgL'os est pointé est un roman d'Arthur Upfield paru en janvier 1994 aux éditions 10/18 dans la collection Grands détectives (351 pages, 7,40 €, ISBN 2-264-01964-6.

The bone is pointed est traduit de l'anglais par Michèle Valencia.


Pour le défi Littérature policière sur les 5 continents, j'avais choisi de lire une des aventures de l'inspecteur Napoléon Bonaparte mais je ne savais toujours pas laquelle. Après avoir fait un deuxième tour (et même un troisième !) à ce défi, il me restait les romans policiers d'Océanie à lire et il était temps que je m'y mette si je voulais terminer mes tours de défi avant la fin de l'année ! C'est sur les conseils de B. que j'ai lu L'os est pointé (qui est la sixième enquête de Napoléon Bonaparte) : pourquoi ai-je attendu si longtemps pour lire Arthur Upfield ? J'ai en effet ressenti à la lecture de ce roman australien le même genre de choses que pour les aventures de Mma Ramotswe au Botswana : c'est frais, passionnant, on apprend des tas de choses sur le personnage, le pays, la façon de vivre, les traditions, etc. Il paraît que certaines aventures sont moins réussies que d'autres mais quand même, je vais me lancer à la découverte de l'Australie et des Aborigènes !


Bien qu'officier de police judiciaire, l'inspecteur Napoléon Bonaparte, un métis (mère aborigène et père européen) surnommé Bony par ses amis, ne se considère pas comme un vrai policier mais il est tenace et résout toutes les enquêtes car il ne s'arrête jamais avant d'avoir trouvé la réponse (quitte à ce que son supérieur de Brisbane le rappelle, le menace et le vire !).

« Vous savez, Blake, si je n'étais pas rebelle à la bureaucratie et à la discipline, je compterais parmi les policiers ordinaires qui vont ici et là et font ceci ou cela, conformément aux ordres qu'ils reçoivent. Ils appellent ça du travail d'équipe. Je ne fais jamais partie d'une équipe. L'équipe, c'est moi. Comme je vous l'ai dit, il me semble, une fois que je commence une investigation, je ne la lâche pas jusqu'à la fin. L'autorité hiérarchique, le temps ne représentent pas grand chose pour moi, l'enquête en revanche, tout. C'est là-dessus que se fondent mes succès. » (page 52).

« Pourtant il savait qu'il ne céderait jamais à cette tentation. La fierté était son arme ; sa réputation son armure. Il irait de l'avant même s'il perdait son poste, même s'il perdait sa vie. Dès l'instant où il serait conscient de l'échec, ce serait pour lui le commencement de la fin. » (page 166).

Bony sait que cette enquête à Opal va être difficile car Jeffery Anderson a disparu du côté du Marais Vert depuis 4 mois et beaucoup de traces sont déjà effacées... Anderson a-t-il été tué, a-t-il chuté de cheval et est-il blessé quelque part, ou a-t-il disparu volontairement ? Pour corser l'affaire, les Aborigènes, soucieux que Bony ne découvre pas la vérité, usent de magie et « pointent l'os » sur lui pour le tuer.

Pourtant Bony va rencontrer, observer et interroger les protagonistes, la veuve Mary Gordon et son fils unique John ainsi que l'Aborigène recueilli par leur famille Jimmy Partner et la tribu Kalshut sur la propriété de Meena, la famille Mackay sur l'exploitation du Mont Lester, la famille Lacy chez qui il loge sur l'exploitation de Karwir : le père un homme autoritaire mais droit, le fils de 25 ans Éric fou d'aviation, la fille de 20 ans Diana, et puis les employés comme Bill le Parieur, Wilson, Noir d'Encre... Sur place le sergent Blake et son épouse vont heureusement l'aider et... lui sauver la vie !


Arthur Upfield est né le 1er septembre 1890 à Gosport dans le Hampshire (comté d'Angleterre qui est aussi celui qui a vu naître Jane Austen et Charles Dickens) et découvrit l'Australie à l'âge de 19 ans. Il est enrôlé lors de la première guerre mondiale (Afrique, France) puis retourna en Australie en 1921 (avec son épouse et leur fils). La légende dit qu'il rencontra Léon Tracker, un métis devenu le meilleur pisteur de la police du Queensland et que c'est cet ami qui lui offrit une biographie de Napoléon Bonaparte, donnant ainsi son nom à l'inspecteur métis dont la première enquête est parue en 1928. Trente aventures paraîtront jusqu'au décès de l'auteur le 13 février 1964. Arthur Upfield est considéré comme le fondateur du roman policier ethnologique.

Boney.jpgEn 1972-73, une série télévisée australienne de 26 épisodes a été diffusée avec dans le rôle de Bony, l'acteur néo-zélandais James Laurenson né en 1940 (image ci-contre). Plus d'informations sur http://www.classicaustraliantv.com/BoneyEpisodes.htm.

En 1990, un téléfilm puis en 1992, une autre série télévisée australienne de 13 épisodes ont été diffusés avec Cameron Daddo, un acteur de Melbourne né en 1965 et supposé être le descendant (plus blanc) de Bony.


Cette chronique de lecture est originellement parue le 21 décembre dans La culture se partage, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Catherine.

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 07:35

MortExtase.jpgMort en extase, de Ngaio Marsh

10/18, Grands détectives, novembre 1998, 318 pages


Fin des années 70, je m'ennuyais des Agatha Christie et des Conan Doyle lus et relus. Un ami me refila un roman de la Néo-Zélandaise Ngaio Marsh (1895-1982) : en quelques mois, je traversai ses 32 romans policiers. Ses intrigues sont souvent plus simples que chez ses contemporaines Christie et Sayers, son Inspecteur Alleyn n'a pas le charisme d'un Poirot ni le génie d'un Nero Wolfe, mais Marsh sait comment raconter une histoire, possède le sens du rythme ; la structure est classique mais les thèmes et les personnages sont souvent très modernes : dans le roman qui nous intéresse aujourd'hui, par exemple, tout tourne autour d'une secte dirigée par un gourou plutôt ambigu, certains adeptes sont friands d'héroïne, quelques femmes ont des tendances nymphomaniaques, deux membres de la secte sont homosexuels... Pour un roman écrit en 1936, ces sujets sont traités de façon très libre et ne sont pas récupérés, à la fin, par un moralisme de bénitier. Ces qualités sont suffisantes pour qu'on s'efforce de sauver Marsh de l'oubli total.


Née en Nouvelle-Zélande où elle a passé la plus grande partie de son existence (pour une biographie succincte http://fr.wikipedia.org/wiki/Ngaio_Marsh), les histoires de Marsh se passent surtout en Angleterre. Une partie de l'humour qui teinte l'ensemble des romans vient justement de ces habitudes et personnages anglais vus et décrits par une Néo-Zélandaise. Son œuvre est couronnée en 1977 par le Prix Edgar Poe des Mystery Writers (pour une bibliographie détaillée ainsi qu'un résumé de Mort en extase http://www.twbooks.co.uk/authors/nmarsh.html).


 

Mort en extase (1936) (10/18, 1995) est la traduction de Death in Ecstasy, traduit aussi parfois par Initiation à la mort. Comme le résumé cité ci-haut est en anglais, je le reprends en quelques mots. Au Temple de la Flamme sacrée, une jolie adepte, Cara Quayne, au cours d'une communion collective où on se passe le calice pour le remplir mais où seule l'Élue boira le vin, avale le contenu et s'écroule foudroyée. Le journaliste Nigel Bathgate, le Watson de l'Inspecteur Alleyn, qui fouinait justement par-là, prévient Scotland Yard et l'enquête commence. Chaque chapitre est d'abord consacré à un des adeptes présents à la cérémonie : s'il s’agit d’un meurtre, chacun est suspect puisque chacun peut avoir versé du poison dans la coupe. Qui est derrière la manœuvre et pourquoi ? Le gourou Garnette particulièrement louche, l'Américain Ogden très entreprenant, le Français Ravigne élégant et distant, l'inassouvie et jalouse Mme Candour, l'au-delà de tout soupçon Miss Wade, l'énervé et incohérent jeune Pringle, son amie la bizarre Miss Jenkins, les deux acolytes Wheatley et Smith ?


L'auteur nous fournit un plan détaillé du Temple et une liste exhaustive des personnages. Interrogatoires, recherches spécifiques sur chaque suspect, reconstitution des déplacements au cours des quelques heures qui précèdent la cérémonie mortelle. Nous sommes en pleine procédure policière classique où se déploient l'habileté et le sens psychologique d'Alleyn qui, selon sa cible, manie la politesse, le charme, la ruse, la menace, la complicité... Son art consiste à mettre les gens en confiance pour les faire parler. Bathgate prend des notes et fait des courses, le colossal assistant d'Alleyn, l'Inspecteur Fox, accomplit les tâches secondaires. Une étape importante de cette procédure classique, c'est l’analyse des témoignages en termes de confirmations et de contradictions, à partir de quoi quelques hypothèses plus précises seront élaborées et quelques détails vérifiés. Enfin, les suspects seront rassemblés et le coupable dénoncé par la force de la déduction. Mort en extase est fidèle à cette structure à quelques variantes près.


L'humour est plus présent chez Marsh que chez les grandes anglaises de l'Âge d'Or ; le lecteur n'oublie donc pas qu'il s'agit d'une fiction. Par contre, le problème initial est bien posé, l'intrigue se déroule avec rigueur, le rythme est un peu lent mais la lenteur fait ici partie du plaisir, les personnages principaux sont sympathiques et les personnages secondaires sont définis avec soin. Difficile de rivaliser avec Alleyn pour trouver le coupable (ce n'est pas un Ellery Queen), mais nous participons avec plaisir au dévoilement final.


Cette chronique de lecture est originellement parue dans Polarophiles, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Michel.

 

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 07:49
Lepouvantail.jpgL'épouvantail, de Ronald Hugh Morrieson
Rivages/Noir (2006), 285 pages
The scarecrow (1963) traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Jean-Paul Gratias.

Pour le défi Littérature policière sur les 5 continents, je comptais parler un auteur un peu oublié, qui m'avait enchanté quand je l'avais découvert, à savoir Arthur Upfield, créateur, avec son privé métis, du polar ethnique, grand inspirateur de Tony Hillerman. Et puis, finalement, plusieurs participants en ont causé, et je vais donc revenir sur un polar néo-zélandais passé injustement inaperçu lors de sa sortie il y a maintenant trois ans.

« C'est au cours de la même semaine que nos poules furent volées et que Daphné Moran eut la gorge tranchée. » Beau début, non ? C'est ainsi que commence L'épouvantail de Ronald Hugh Morrieson.

Ned Poindexter est ado à Klynham, petite bourgade rurale en Nouvelle-Zélande. Sa famille n'est pas franchement un modèle, entre un oncle qui s'évertue à ne jamais rien faire, un frère spécialiste de billard, et un père qui tente de faire des affaires dans la brocante au volant d'une épave. Heureusement il y a Prudence, sa sœur aînée, la plus jolie fille de la ville, et son pote Les Wilson avec qui il fait les 400 coups. La vie s'écoule, avec ses hauts et ses bas, mais une ombre plane sur Klynham depuis que Salter, magicien itinérant, épouvantail immense et famélique au regard inquiétant est arrivé en ville...

La postface de Jean-paul Gratias nous apprend que l'auteur a très peu écrit, et que ses romans, s'ils ont connu un vrai succès en Australie, n'ont été découvert en Nouvelle-Zélande qu'après sa mort. Grâce à Rivages, nous découvrons ce premier roman étonnant.

La trame policière est assez ténue, le drame et sa résolution intervenant tard dans le déroulement du roman. Cela n'empêche pas l'auteur de faire entendre une toute petite musique inquiétante, sournoise, qui vient, repart, se fait oublier pour resurgir au détour d'une phrase. Entre deux moments angoissants, le lecteur oublie presque la tension, pour se plonger avec délice dans cette chronique haute en couleur, jusqu'à ce que l'ombre du croquemitaine surgisse, avant de s'évanouir à nouveau.

L'auteur joue avec brio de ces ruptures de ton, passe de la drôlerie et de la truculence, à un climat onirique et horrifique pour le plus grand plaisir du lecteur qui jubile. Comme si l'on passait, sans s'en rendre compte, de Fantasia chez les ploucs à La nuit du chasseur et retour... Une très belle découverte.

Cette chronique de lecture est originellement parue le 18 décembre dans Actu du noir, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Jean-Marc.
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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 07:10
AManLayDead.jpgEt vous êtes priés d'assister au meurtre de... (A Man Lay Dead), de Ngaio Marsh
Harper, 186 pages, ISBN 978-0007328697

Dame Ngaio Marsh, écrivain néo-zélandaise ayant vécu entre la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre, est ce que l'on peut appeler une « Queen of Crimes ». Elle a écrit 32 romans et la plupart de ses intrigues se passent en Angleterre. Seuls cinq de ses livres se déroulent en Nouvelle-Zélande. Tout comme Agatha Christie et son Hercule Poirot, Ngaio Marsh a son héros récurrent, l'inspecteur Roderick Alleyn de Scotland Yard.

Sir Hubert Handesley a invité plusieurs amis en week-end dans sa maison au milieu de la campagne anglaise et a organisé un jeu d'enquête sur un faux meurtre. Le majordome doit désigner le tueur qui lui-même doit trouver sa victime et lui signifier par la phrase « vous êtes le corps ». Après la découverte de la fausse victime, les invités doivent mimer un procès et découvrir le coupable. Tout ceci serait du plus divertissant si la victime n'était pas belle et bien raide. L'inspecteur Alleyn va donc entrer en jeu pour démasquer le meurtrier.

Ce livre a été un peu ma bouée de secours. J'avais choisi au début de lire Utopia de Philip McLaren mais suite à quelques soucis pour acheter le livre avant la fin du défi, j'ai choisi le premier livre de Ngaio Marsh, auteur plus facilement « trouvable » en librairie.

AssisterMeurtreMarsh.jpgEn tant que fan de « whodunit », j'ai trouvé ce livre divertissant. Il m'a rappelé un Agatha Christie avec un héros plus athlétique et séduisant qu'Hercule Poirot. C'était un livre agréable et facile à lire. Un bon intermède léger entre deux polars noirs et glauques ! Un petit bémol : j'ai juste été un peu déçue de ne rien découvrir du pays des All Black (je ne me suis intéressée à la biographie de l'auteur qu'après avoir lu le livre).

Voilà, mon défi se termine. Dans l'ensemble, j'ai passé de bons moments à lire des livres d'horizons différents. Certains ont fait voler en éclat mes idées reçues (Les cris de l'innocente et Qui a tué l'Ayatollah Kanuni ?) et m'ont permis de découvrir le Botswana et l'Iran. Mes trois autres livres se passaient soit en France (Le chien jaune) soit en Grande-Bretagne (Le rouge du péché et Et vous êtes priés d’assister au meurtre). Je ne regrette pas mes lectures mais le défi m'a donné envie de découvrir d'autres pays aussi bien en Europe qu'en Amérique ou qu'en Océanie. Pour ce dernier continent, ça devrait bientôt être chose faite puisque finalement, ce fameux livre de Philip McLaren que j'ai eu tant de mal à trouver, je vais pouvoir le lire d'ici quelques semaines ! Quant aux autres continents, les fiches des autres participants m'ont été utiles puisque ma PAL et ma LAL se sont enrichies de quelques nouveaux titres !

Bref, j'ai vraiment aimé participer à ce défi ! À quand le prochain ?

[C'était la dernière chronique de lecture de Pélie pour ce défi].
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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 08:05
SequellesTemple.jpgSéquelles, de Peter Temple
Gallimard, Série noire, janvier 2008, 497 pages, ISBN 2-070-78181-X

Présentation de l'éditeur
Depuis le fiasco de sa dernière affaire, Joe Cashin n'est plus le même homme. Avant, il se déplaçait avec aisance, ses gestes étaient plus sûrs, moins réfléchis. Mais on ne frôle pas la mort sans séquelles, surtout quand le coéquipier avec lequel on travaillait est resté sur le carreau. Muté loin de la brigade criminelle de Melbourne, Cashin retrouve sa petite ville natale, un coin tranquille du bord de mer où il joue au flic de campagne. Il ne lui reste plus qu'à retaper la maison familiale, à promener ses chiens et à repenser à l'homme qu'il a été... Jusqu'au jour où l'on retrouve le notable local, le célèbre entrepreneur Charles Bourgoyne, tabassé et laissé pour mort dans sa luxueuse villa de la côte. Très vite, tous les indices recueillis désignent trois garçons de la communauté aborigène voisine. Mais Cashin est loin d'être convaincu car les coupables paraissent trop beaux. En Australie comme ailleurs, les meilleurs boucs émissaires ont souvent la peau foncée... Séquelles a remporté cinq prix, dont le Ned Kelly Award 2006 pour le meilleur roman policier et, en 2007, le Duncan Lawrie Dagger, considéré comme la plus prestigieuse et la plus richement dotée des récompenses littéraires du monde anglo-saxon.

Biographie de l'auteur
Peter Temple est né en 1946 en Afrique du Sud. En 1980, il part s'installer en Australie. À la fois journaliste, éditeur et écrivain, il vit désormais à Ballarat, dans l'État de Victoria. Séquelles est son premier roman à paraître dans la Série Noire.

Mon avis
Cette chronique est en lice pour mon défi Littérature policière sur les cinq continents et le termine. C'est sans aucun doute ma plus belle découverte lors de ce défi.
Peter Temple nous mène d'une écriture agréable le long d'une enquête tranquille, bordée d'humour. Si vous aimez l'Irlande, vous aimerez la campagne australienne du côté de Port Monro où le policier Joe Cashin fait régulièrement de belles ballades avec ses deux grands caniches couleur réglisse, pas coiffés. Il y a fort à parier que l'auteur en a au moins un pour décrire comme il le fait les mimiques et attitudes des deux chiens pas du tout à sa mémère, pointillant avec fraîcheur l'avancée de l'histoire.
L'enquête par elle-même n'est à mon avis pas passionnante, et même décevante par son manque d'originalité. Des notables pédophiles démasqués après l'injuste accusation de la délinquance du quartier pauvre, franchement c'est du déjà lu, et re-relu. Donc BOF côté intrigue. Heureusement le personnage du policier meurtri, au tempérament à la fois résigné et volontaire, exprime la force tranquille d'une vie à vivre quand même. Son cheminement est pénible, mais serein. Le héros vit la douleur et l'anxiété, pourtant c'est un type rassurant qui donne et fait confiance. Ce paradoxe a des vertus apaisantes pour le lecteur.
Il est essentiel de souligner que ce polar brille par la parcimonie des scènes de violence, c'est assez rare dans la littérature policière contemporaine. De même on notera une ou deux brèves scènes d'un érotisme distingué, encore plus rare.

2 petits extraits
« Joe, notre équipe est tellement réduite qu'elle pourrait se réunir dans une cabine téléphonique. »
« Le feu passa au vert. Sans les regarder, une vieille femme, petite et voûtée, tête baissée, vêtue d'un imperméable de plastique transparent, traversa devant eux. Elle poussait un caddy de fabrication artisanale qui ressemblait à un landau.
- Comme Christophe Colomb, dit Dove. Pas la moindre idée d'où elle va. »

Cette chronique de lecture est originellement parue le 14 décembre dans Fans de polars et thrillers, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Fersenette.
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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 01:48
ChateauMalefices.jpgLe château des maléfices, de Ngaio Marsh
10/18, Grands détectives, mai 2005, 347 pages, ISBN 978-2264041180

La note: 4,5/5

Semblable à Agatha Christie

Il s'agit d'une enquête de l'inspecteur Roderick Alleyn. Cette fois-ci, il joue double coup : il enquête sur un mystérieux château et en profite pour emmener sa femme et son fils en vacances dans le Sud de la France.
Cette splendide forteresse de la Chèvre d'Argent serait bien plus qu'un château historique. Ces vieux murs dissimuleraient un important trafic de drogues et peut-être, qui sait, un repaire de secte.
Mais voilà que tout se corse lorsqu'on enlève le fils de l'inspecteur Alleyn.
Avec le concours de sa femme et de son chauffeur, Alleyn va réussir à déjouer les plans de sombres individus.

Je me suis laissée prendre au jeu de ce petit roman policier où le suspense monte petit à petit. Cela m'a fait penser un peu aux histoires d'Agatha Christie, même s'il n'y a rien de comparable. Mais le style, l'envergure du personnage y font penser.
L'histoire est somme toute très réussie.

Cette chronique de lecture est originellement parue sur Critiques libres, mais vous pouvez retrouver Mazel sur son blog.
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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 07:53
Soumissions, de Jennifer Rowe
Titre original : Something Wicked
Fayard, Policiers, avril 2002, 393 pages

Fuyant Sydney, Jonathon Stoller s'est acheté une maison isolée près d'Oakdale. Au fil du temps, il s'éprend d'Astral, une jolie jeune fille de dix-sept ans, qui habite Le Havre, une propriété voisine. Astral et ses sœurs, Bliss et Skye, perpétuellement vêtues de robes blanches en coton ne connaissent rien d'autre que le monde clos où leur mère les a élevées. Un jour, Astral entraîne Jonathon jusque chez elle, où l'attend le cadavre d'Adam Quinn, une ex-vedette.

Lu dans le cadre de Littérature policière sur les 5 continents.

Un bon petit policier dans lequel j'ai beaucoup apprécié la narration de l'auteur. Elle ne nous mène pas en bateau. Dans la plupart des polars que j'ai lus, les auteurs aiment brouiller les pistes : ils nous guident vers une piste, puis vers une autre, et ainsi de suite jusqu'à la révélation. Dans Soumissions, pas de retournement de situation, pas de révélation fracassante et surprenante, pas de situations abracadabrantesques, pas de fin tirée par les cheveux.. J'ai suivi paisiblement l'enquête et ce fut un agréable moment de lecture.

Note : 7/10

Cette chronique de lecture est originellement parue le 17 septembre dans Thracinee-thèque, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Thracinee.
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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 18:09
Viande froide à Melbourne (Stiff ; 1994) de Shane Maloney
Collection Le masque jaune aux éditions du Masque, 381 pages
Traduit de l'anglais par Serge Chwat et Michel Pascale (2002)
 
L'auteur
Shane Maloney est un écrivain australien né en 1953 à Melbourne, contributeur occasionnel de quelques journaux et magazines. Connu surtout pour sa série policière des Murray Whelan, dont le style satirique et enlevé le rapproche d'Elmore Leonard, il a aussi publié une petite dizaine d'anthologies et un manuel de conversation, The happy phrase, à l'usage de ceux désirant travailler leur côté non-intelligible.
 
Le héros
Murray Whelan est un anti-héros atypique tout ce qu'il y a de plus sympathique. Séparé, mais non divorcé, de sa femme partie faire carrière à Sydney, il est d'abord responsable d'une permanence électorale travailliste à Melbourne, dans Viande froide à Melbourne (Stiff, 1994), puis devient conseiller de ministre dans Ça fait moche dans le tableau (The Brush-off, 1996) et Bien joué ! (Nice try, 1998), et enfin député dans Spécialités de fruits de mer (Something fishy, 2002). Les intrigues se placent ainsi dans la politique australienne des années 80, Whelan étant à chaque fois catapulté, bien malgré lui, dans d'étranges magouilles. À remarquer que le quatrième roman de la série, The Big Ask (2000), n'a pas été traduit.
 
Le livre
Murray Whelan a beaucoup à faire : il doit surveiller les intérêts de Charlene, ministre travailliste, gérer une permanence électorale d'un quartier populaire de Melbourne, élever seul son fils de 8 ans et s'occuper des fuites de son toit. Alors qu'un immigré turc soit retrouvé mort dans une chambre froide d'une entreprise de traitement de la viande de bœuf est à première vue le cadet de ses soucis. Le problème c'est qu'une huile du parti, l'ambitieux Angelo Agnelli, pense que certains cherchent à profiter de ce drame pour réveiller des conflits syndicaux et mettre en péril le siège de Charlene. Whelan part donc dans une enquête au premier abord banalement administrative mais se retrouve plongé dans un foutu imbroglio mêlant arnaque sur fiches de paye, détournements de fond, racket organisé sur des travailleurs immigrés et luttes entre minorités turques et kurdes... Mais qui cherche vraiment à détrôner Charlene ? Et avec tout ça qui va réparer son toit ?

J'ai pris énormément de plaisir à cette lecture : un rythme enlevé et tout à fait maîtrisé, un style décapant, une intrigue intelligente, un personnage principal (j'hésite à dire héros) ô combien sympathique (je me suis direct identifié, pour des raisons de similarité affective, à ce mec fondamentalement banal amoureux d'une superbe Turque à qui il n'ose dire un mot)... On est très loin d'une enquête rondement menée : Whelan, un type profondément banal, est balloté au gré des événements, réagit sans aucun recul, il ne résoud pas la moitié du problème et finalement tout se révèle... Non ça va je le dirai pas. C'est un excellent roman noir, au ton résolument comique, qui fait vraiment songer (je persiste et signe) à Elmore Leonard, avec une très chouette fin en demi-teinte. En bref, j'adore !

Le film
Deux des romans ont été sujets d'adaptation : Stiff, réalisé par John Clarke, et The brush-off, par Sam Neil, avec David Wenham (le Faramir du Seigneur des Anneaux) dans le rôle de Murray Whelan. Le problème est que ce sont des téléfilms australiens, et donc fondamentalement introuvables en France, je n'ai pas pu les visionner. Rhâaa...
 
Bon voilà, le défi est terminé pour moi. Un grand bravo et un super merci à Catherine pour avoir eu l'idée, mais aussi et surtout pour l'avoir porté jusqu'au bout. Je vous retrouve tous le 1er janvier (courage, c'est la dernière ligne droite) pour lire toutes les critiques et compléter ma liste de lecture (comme si elle était pas déjà assez longue).

Une chronique de Jeff.
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